La retraite en liberté by Jacques Bichot

La retraite en liberté by Jacques Bichot

Auteur:Jacques Bichot [Bichot, Jacques]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


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Comment fonctionne vraiment la retraite

par répartition ?

Ce système repose lui aussi sur l’accumulation d’un capital capable de procurer des revenus durant le troisième et le quatrième âge, mais il s’agit d’un capital très particulier : la force de travail, ou capital humain. On peut acheter et vendre des biens immobiliers, des actions, des obligations – mais pas des êtres humains ! Investir dans le capital humain, et obtenir des dividendes de cet investissement, avec les précautions voulues pour ne pas en revenir à l’esclavage, c’est ainsi que fonctionne la retraite par répartition. Chacun de nous compte là-dessus, mais cette réalité est souvent dissimulée par un discours politiquement correct qui se réfère abondamment à la solidarité intergénérationnelle sans expliquer ce qui se passe en réalité. Pourtant nous n’avancerons pas si nous ne reconnaissons pas cette réalité.

Alfred Sauvy, fondateur en 1945 de l’Ined, l’Institut national d’études démographiques, fut le premier Français à l’expliquer clairement. Il fit remarquer que les actifs ne préparent pas leurs pensions (de la Sécurité sociale, de l’Arrco, de l’Agirc, de la CNAVPL, la Caisse nationale d’assurance vieillesse des professions libérales, etc.) en versant des cotisations vieillesse, immédiatement transmises aux retraités, mais en élevant des enfants. La raison en est simple : mettre au monde et élever des enfants a été de tout temps ce qui a permis de disposer d’un « bâton de vieillesse », d’une nouvelle génération capable d’entretenir la génération de ses parents après avoir été entretenue et formée par elle. Jadis, les enfants prenaient soin de leurs propres parents ; aujourd’hui, la retraite par répartition fait fonctionner cet échange entre générations successives non plus à l’intérieur de chaque famille, mais au niveau de la nation. Chaque génération prend en charge la suivante quand ses membres sont enfants et adolescents, ce qui lui permet d’être ultérieurement prise en charge par eux. Économiquement, il s’agit d’un investissement dans le capital humain, suivi d’un retour sur investissement prenant la forme de rentes viagères.

Dans les années 1980, un syndicat, la Confédération générale des cadres (CGC), a semblé comprendre cela. Dans un numéro spécial de sa revue Les Dossiers de l’avenir ayant pour titre Pour sauvegarder la Sécurité sociale, daté de novembre 1985, il est en effet écrit : « La mise en œuvre des solidarités et l’investissement matériel ne doivent pas faire oublier que l’avenir des retraites repose d’abord et avant tout sur les jeunes générations. C’est l’investissement humain qui commande tout le reste. La qualité et le niveau de vie des futurs retraités dépendent du nombre et de la qualité des jeunes d’aujourd’hui. En 1947, les fondateurs du premier grand régime par répartition, celui des cadres, étaient parfaitement conscients de cette situation. L’institution d’une solidarité entre les générations suppose le renouvellement des générations. Ceux qui assurent le renouvellement assurent l’avenir du régime. » Tel est bien le fonctionnement réel de la répartition.

Malheureusement, la CGC s’est contentée d’utiliser cette considération pour justifier des majorations de pension en faveur des cadres pères ou mères de familles nombreuses. Cette



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